Développer la communauté et faire grandir le mouvement au Rassemblement national des gardiens

16 juillet 2025

Lorsque Dolcy Meness a raconté à une salle bondée qu’elle participait au recensement de la tortue des bois pour le compte de Kitigan Zibi Anishinabeg au Québec, elle a fait part d’un élément clé de la surveillance des espèces en péril. « Apprendre ma langue m’aide à mieux faire mon travail. Ça m’aide dans mon rôle de gardienne », a-t-elle confié. Le fait de connaître le nom anishinaabemowin d’un ruisseau, par exemple, aide Dolcy Meness à comprendre l’interrelation entre les cours d’eau où vivent les tortues. Elle explique qu’elle aime communiquer ce savoir avec les jeunes. « J’adore voir l’étincelle dans leurs yeux lorsqu’ils découvrent notre travail et que certains confient vouloir devenir gardiens eux aussi. »

Meness a pris part à un groupe de discussion formé de jeunes lors du Rassemblement national des gardiens des Premières Nations 2025. Les propos des participants ont suscité de chaleureux applaudissements et fait émergé des questions de l’auditoire. Taylor Deleary, de la Première Nation des Chippewas de la Thames en Ontario, a pris la parole, soulignant combien il était encourageant de savoir que d’autres jeunes œuvraient comme gardiens ailleurs au pays. « Vous avez réaffirmé le pouvoir que nous, les jeunes, détenons et l’importance que nous ayons voix au chapitre. Ouvrir un tel espace, au Rassemblement des gardiens, est très puissant. »

C’est précisément la raison d’être du Rassemblement national des gardiens : favoriser l’échange de connaissances et développer la collectivité des gardiens au sein du mouvement.

Amy Cardinal Christian, Ph. D., conseillère en politiques à l’Initiative de leadership autochtone (ILA), Alvin First Rider, gestionnaire de l’environnement aux Services de l’environnement de la tribu des Blood et l’Aîné Paul Courtoreille, de la communauté métisse de Gift Lake, assistent à la cérémonie d’ouverture.

Le rassemblement des gardiens le plus représentatif à ce jour

Environ 275 gardiens ont participé au Rassemblement national des gardiens en juin, auxquels se sont ajoutés des leaders et des alliés, pour un total de 350 participants. L’événement, organisé par l’Initiative de leadership autochtone et le Réseau national des gardiens s’est tenu sur le territoire des Songhees, aujourd’hui appelé Victoria (C.-B.)

Il s’agit du plus grand et du plus représentatif des Rassemblements à ce jour, avec la participation de plus de 130 programmes de gardiens différents. De nombreux programmes y étaient représentés pour la première fois – preuve de la croissance du mouvement. Lors du premier Rassemblement en 2016, on comptait une trentaine de programmes en activité. Aujourd’hui, plus de 200 programmes de gardiens des Premières Nations permettent de veiller sur les terres et des eaux partout au pays.

Bien que les gardiens soient venus d’un bout à l’autre du pays, ils ont rapidement trouvé des sujets d’intérêt commun. « Tant de voix, tant de personnes fortes travaillant ensemble à un objectif commun – c’est ce qui m’a marqué le plus, affirme Angelina Francis, gestionnaire des ressources naturelles de la Première Nation Miawpukek. Tout autour de vous, des participants possèdent une forme de savoir prête à partager. »

Lors de cette cérémonie, les gardiens et les membres des familles de canots tribaux ont traversé le port intérieur de Victoria et ont demandé à leurs hôtes songhees la permission de débarquer.

Commencer par une cérémonie, Apprendre ensemble

Le Rassemblement a commencé par une cérémonie d’accueil ancrée dans les lois et protocoles des Nations de la côte ouest Des gardiens de partout au pays ont pris place dans une douzaine de canots tribaux océaniques, pagayant jusqu’au port de Victoria. À l’approche du « Coin du Protocole », les passagers de chaque canot se sont présentés à Frank George, Aîné Songhee, qui les a accueillis sur la rive. Jimmy Nuna, un gardien de la Nation Innue du Labrador, faisait partie des pagayeurs ce matin-là. « Commencer la journée en canot, sur l’eau – je me suis senti ancré. J’avais l’impression d’être en paix. Quelle belle façon de lancer le Rassemblement des gardiens. »

Après la cérémonie, les gardiens ont entamé trois jours consacrés à l’établissement de lien et au partage des connaissances. « Nous apportons des solutions distinctes à des problèmes communs, affirme Nits’ilʔin Lennon Solomon du gouvernement Yuneŝit’ en Colombie-Britannique. Nous apprenons les uns des autres. » Des séances plénières ont porté sur divers thèmes, allant de la gestion du feu à l’essor du mouvement des gardiens aux États-Unis. Des séances en petits groupes ont permis d’explorer plus en détail le rôle des gardiens en matière de services d’urgence, d’aires protégées et de conservation autochtones, de langue et de culture. Les participants ont formulé des commentaires et suggestions sur les futures possibilités de formation et sur la certification de la profession de gardien.

Twyla Edgi-Masuzumi, gardienne de la K’asho Got’ine Foundation, a reçu le prix Jarett Quock pour un leadership individuel exceptionnel, remis par David Therrien, conseiller régional du Québec pour l’ILA.

Prendre le temps de célébrer

Entre les discussions, il y a eu beaucoup de rires et de moments festifs. Réunir plus de 275 gardiens constitue déjà une raison de célébrer, mais le Rassemblement en a offert bien davantage. Le premier soir, les participants ont applaudi leurs collègues gardiens en reconnaissance de leur leadership dans la protection des terres et des eaux.

Sandy Clipping, membre de la Seal River Watershed Alliance (SRWA), et Justice Henderson, coordonnatrice de l’Alliance pour la SRWA, profitent du tapis rouge lors de la projection privée du film Gardiens pour la Terre.

Le lendemain, les gardiens étaient sous les projecteurs. Habillés de leurs uniformes, de grandes boucles d’oreilles et de tenues élégantes, ils ont défilé sur le tapis rouge sous les flashs des photographes et la musique du DJ All Good. Ils ont assisté à une projection privée du nouveau documentaire Gardiens pour la Terre, coréalisé par la productrice et actrice autochtone Jennifer Podemski, suivie d’une séance de questions en compagnie des gardiens heiltsuk et innus en vedette dans le film. Le film et les panélistes ont reçu de longues ovations debout. Et les gardiens ont été les vedettes de la soirée. « Avoir notre propre tapis rouge autochtone signifie que nous sommes respectés et inclus », se réjouit Brenda Morrisseau de la Première Nation Sagkeeng, au Manitoba.

Amos Scott, directeur du Northern Indigenous Stewardship Circle, discute après la projection privée avec Leonard Steward et Josh Vickers, gardiens surveillants de la Nation heiltsuk, ainsi qu’avec Jack Penashue, surintendant innu d’AkamuiapishkU (monts Mealy), de leur participation au film.

Regarder vers l’avenir

Il s’agissait du cinquième Rassemblement national des gardiens, et du plus grand à ce jour. Les retombées de l’essor du mouvement des gardiens sont nombreuses : le Rassemblement prend de l’ampleur et davantage de terres, d’eaux, de communautés, d’économies locales et de régions partout au pays profitent de la présence des gardiens sur le terrain. « Au prochain Rassemblement, j’espère voir encore plus de gardiens – ce sera le signe que nous bâtissons un avenir meilleur », affirme Valérie Courtois, directrice générale de l’Initiative de leadership autochtone.

Les dernières séances du Rassemblement ont porté sur les perspectives d’avenir. Au cours de l’une d’elles, Randy Malleck, gardien innu, s’est exprimé en anglais et en innu-aimun : « J’aime mon travail, pouvoir surveiller et protéger le territoire, les rivières et les animaux. J’ai parlé de tout cela avec de nombreux jeunes, je leur ai montré comment être un gardien. Cela me donne de l’espoir. »

Participants au Rassemblement national des gardiens 2025.

Précédent
Précédent

GESTION DU FEU : Une nouvelle ressource aidera les nations autochtones à rétablir les brûlages culturels et à réduire les risques d’incendie

Suivant
Suivant

Honorer les femmes autochtones dans le domaine de la conservation : Un programme de bourse axé sur la collaboration