Mettre en valeur le leadership autochtone à l’occasion de la Semaine du climat 2025

18 septembre 2025

Par Valérie Courtois

Une fois de plus, le Canada connaît une saison des incendies de forêt d’une ampleur record. Au début de septembre, 8,8 millions d’hectares avaient brûlé, soit la deuxième plus vaste superficie jamais enregistrée. Au Manitoba, où neuf Premières Nations ont dû être évacuées en raison des feux de forêt, la superficie brûlée représente 11 fois la moyenne historique de la province. Des conditions plus chaudes et plus sèches alimentent ces incendies : en septembre, plus de 70 % du Canada était anormalement sec ou en situation de sécheresse modérée à extrême.

Au Canada, les répercussions des changements climatiques – des sécheresses prolongées aux incendies de forêt de forte intensité, en passant par la débâcle hâtive des glaces et la recrudescence des vagues de chaleur – bouleversent la vie des populations partout au pays, particulièrement dans les territoires autochtones du Nord.

Mais une autre force se fait également sentir : les Nations autochtones élaborent des solutions pour répondre à ces perturbations.

C’est le cas dans le nord du Manitoba, où quatre Premières Nations assurent la protection du bassin versant de la rivière Seal, dont les sols, les milieux humides et les tourbières retiennent 1,7 milliard de tonnes de carbone – soit l’équivalent de huit années d’émissions de gaz à effet de serre au Canada. C’est aussi le cas dans ma propre Nation innue, où les gardiens veillent à ce que la glace de mer du Labrador demeure sécuritaire pour les déplacements, malgré la hausse des températures. On le constate aussi dans de nombreuses Premières Nations qui donnent un nouvel élan aux pratiques culturelles d’intendance du feu, permettant de restaurer la santé des forêts et de réduire le risque d’incendies de forêt de forte intensité.

Les solutions dirigées par les Autochtones sont essentielles à la lutte contre les changements climatiques. Les peuples autochtones connaissent leurs territoires, ils observent les changements qui s’y produisent et savent comment aider à rétablir l’équilibre. Dans un contexte mondial marqué par les divisions politiques et l’incertitude économique, qui découlent en partie des répercussions plus importantes des changements climatiques, ces approches locales fondées sur le savoir autochtone ouvrent une voie d’avenir.

Pour accroître la visibilité de ces approches, elles doivent être au cœur des discussions internationales sur le climat. C’est dans cet esprit que des membres de l’Initiative de leadership autochtone se rendront à New York à l’occasion de la Semaine du climat 2025. Ce sommet annuel réunit des responsables gouvernementaux, des dirigeants d’entreprises, des militants et d’autres intervenants engagés dans l’action climatique. Comme l’événement coïncide avec la tenue de l’Assemblée générale des Nations Unies, les chefs d’État seront sur place également, tout comme les bailleurs de fonds, qui cherchent à accélérer les investissements dans les solutions climatiques.

L’ILA se réjouit également à l’idée de renouer avec des partenaires de longue date parmi les nombreux représentants de peuples autochtones du monde entier qui seront également présents pour la Semaine du climat. Nous souhaitons établir des partenariats pour veiller à ce que les décideurs, à tous les niveaux, accordent une place centrale au leadership autochtone dans la lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.

En collaboration avec nos partenaires de Nia Tero, nous organisons une réception pour célébrer l’intendance dirigée par les Autochtones qui comprendra une projection privée du court documentaire Gardiens pour la Terre, réalisé par la cinéaste primée Jennifer Podemski. Les membres de l’équipe de l’ILA prendront la parole lors de groupes de discussion mettant en valeur des solutions autochtones en matière de protection des terres et des eaux. Nous contribuerons aussi à faire avancer les discussions sur les modes de financement novateurs, les réseaux qui appuient l’action locale et le rôle essentiel du leadership des femmes autochtones.

Je suis tout particulièrement impatiente de voyager en compagnie de des deux premières lauréates de la Bourse de stage de leadership pour les femmes des Premières Nations : Mary-Jo Michell, de la Nation Nlaka'pamux et Taylor Galvin Ozaawi Mashkode-Bizhiki, de la Nation des Ojibway Brokenhead. Administré conjointement par l’ILA et la Wildlife Conservation Society Canada, ce programme de bourse constitue une expression concrète de notre responsabilité de soutenir et de préparer la prochaine génération de leaders. Notre séjour à New York nous permettra d’explorer comment faire avancer ces priorités sur la scène internationale.

Lutter contre les changements climatiques constitue un défi mondial complexe, mais les solutions mises en œuvre par les Nations autochtones sur leurs territoires montrent qu’il est possible d’avancer. Avec davantage de soutien, ce leadership peut stimuler l’essor d’initiatives de plus grande envergure.

Cette transformation est déjà à l’œuvre ici même, au pays. Après tout, le Canada arrive en tête de liste des pays qui peuvent et doivent servir de modèle lorsqu’il est question d’établir des partenariats respectueux entre les Nations autochtones et les États-nations. Lors de la Semaine du climat, nous sensibiliserons la communauté internationale aux solutions qui émergent partout dans l’hémisphère Nord.






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Hill Times : Les approches autochtones de lutte contre les incendies sont efficaces – à quand leur adoption au Canada?