Hill Times : Les approches autochtones de lutte contre les incendies sont efficaces – à quand leur adoption au Canada?

Les gardiens de la tribu des Blood suivent une formation sur le feu. Mention de source : Tribu des Blood

Les gardiens autochtones du feu sont des experts issus des communautés qui, tout au long de l’année, veillent à l’intendance des terres, mènent des brûlages culturels et participent aux efforts de prévention des incendies, d’intervention d’urgence et de rétablissement après sinistre.

13 août 2025

Texte d’opinion publié dans le Hill Times par Amy Cardinal Christianson, Ph. D., chef Conroy Sewepagaham et Frank Brown

 La fumée des incendies de forêt recouvre à nouveau une grande partie du pays et de nombreuses communautés sont menacées. Cette année s’annonce comme la deuxième pire saison des incendies jamais enregistrée au Canada. 

Pour répondre à la recrudescence des incendies de forêt, le gouvernement du Canada a fait plusieurs annonces concernant l’octroi de financement lié aux feux de forêt, dont 48 M$ pour le programme Élaborer et mobiliser les connaissances fondamentales sur les feux de forêt.

La série d’annonces de financement de cet été suit une tendance familière. Les communiqués gouvernementaux soulignent que les Autochtones sont touchés de manière disproportionnée par les incendies de forêt – les recherches montrent que 42 % des évacuations causées par les feux de forêt ont lieu dans des communautés autochtones. Et pourtant, peu de financement est versé directement aux Nations ou aux organisations autochtones. 

Depuis 2022, le gouvernement fédéral a alloué 791 M$ pour des activités liées aux incendies de forêt, sans compter les dépenses d’intervention d’urgence. Seulement 6 % de cette somme a été versé directement aux Nations ou aux organisations autochtones – ces maigres fonds ont été consacrés à la formation de base des pompiers (11 %) et aux efforts de reboisement après les incendies (78 %). 

Services aux Autochtones Canada a l’obligation de fournir du financement aux Premières Nations en matière de gestion des urgences. Néanmoins, la plus grande partie des fonds continue d’être consacrée aux interventions et aux efforts de rétablissement, plutôt qu’à des stratégies éprouvées de réduction des risques dirigées par les Autochtones.

Le Canada dispose de ressources limitées pour lutter contre les incendies de forêt et, dans un contexte d’incertitude économique et de saisons des incendies destructrices qui se répètent chaque année, il est essentiel de gérer ces ressources avec discernement. Or, de nombreuses initiatives dirigées par les Autochtones sont trop souvent laissées pour compte. Les gardiens autochtones du feu sont l’une des solutions dirigées par les Autochtones qui offrent un rendement élevé sur l’investissement et procurent de multiples avantages.

Les gardiens autochtones du feu sont des experts issus des communautés qui, tout au long de l’année, veillent à l’intendance des territoires, mènent des brûlages culturels et participent aux efforts de prévention des incendies, d’intervention d’urgence (dont la lutte contre les incendies) et de rétablissement après sinistre. Les gardiens du feu accomplissent toutes sortes de tâches, allant du débroussaillage autour des maisons à l’utilisation du « bon feu » à l’automne et au printemps, une méthode éprouvée pour rétablir la diversité des espèces de plantes et favoriser des territoires en santé, qui présentent un faible risque d’incendie de grande intensité – une réalité devenue trop fréquente l’été au Canada. 

Les programmes des gardiens autochtones du feu ne sont pas une nouveauté. En Australie, le travail des rangers autochtones, qui assurent la gestion des territoires aborigènes, a permis de réduire de moitié le nombre de feux de brousse sur les terres majoritairement aborigènes du nord de l’Australie. Aux États-Unis, c’est démontré : les programmes comme celui du département des ressources naturelles des Karuk entraînent d’importantes retombées positives, comme la réduction du risque d’incendie en raison de forêts en meilleure santé. La Californie a reconnu l’efficacité de l’approche des Karuk en allouant 10 M $US pour la création d’un centre de formation dirigé par les Autochtones dans le domaine de la lutte contre les incendies. 

Au Canada, le travail des jeunes gardiens du feu du Grand Conseil de Prince Albert et des gardiens du feu de la tribu des Blood a déjà une incidence positive, favorisant notamment la revitalisation de l’intendance autochtone du feu, ce qui entraîne des retombées culturelles positives et contribue à réduire le risque d’incendies de forêt. Mais le niveau et l’étendue de l’investissement gouvernemental sont loin d’être suffisants. 

Malgré des ressources limitées, les Nations autochtones sont des partenaires appréciés des organismes de gestion des feux de forêt, surtout en période de surcharge. Alberta Wildfire, par exemple, a souligné à plusieurs reprises l’an dernier les avantages de leur collaboration avec les pompiers de la Nation crie de Little Red River. Les équipes locales connaissaient mieux le territoire que les intervenants de l’extérieur et peuvent indiquer où créer des coupe-feu ou des traversées de cours d’eau.

Lisez l’intégralité de l’article sur le site du Hill Times ici.

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